D’où origine la croyance de l’enfer ? (partie 2)

La destinée finale des méchants sera-t-elle comme on nous l’a toujours enseigné ?

Introduction

Nous avons vu dans la partie 1, de cet enseignement, que le concept de l’enfer comme un lieu de tourment éternel soulevait beaucoup d’interrogations sur la nature de Dieu et de sa justice. J’ai mentionné comment cette croyance était largement répandue dans la tradition religieuse. Mais qu’il était crucial de l’examiner à la lumière des principes bibliques pour en obtenir une compréhension plus compatissante de la volonté divine.

Remettre en question les dogmes établis et explorer les Écritures avec un esprit critique pouvait nous conduire vers une vérité plus juste sur le destin des âmes après la mort. D’ailleurs, mes croyances passées variaient selon les différents enseignements, parfois contradictoires et pas toujours cohérents.

Toutefois, l’enfer était souvent perçu comme le lieu où allaient les morts non croyants, et qu’il était généralement accepté que les âmes y soient envoyées immédiatement après la mort physique. Cependant, je doutais de la cohérence de cette doctrine mise en opposition avec l’amour et la justice de Dieu. Surtout lorsque je considérais qu’il était décrit comme un Dieu bon, miséricordieux et juste.

Mon propre cheminement de réflexion sur cette question était nourri par des expériences personnelles et des recherches bibliques. J’ai réalisé l’importance de poursuivre cette réflexion de manière critique et ouverte et de le faire tout en reconnaissant que certaines doctrines traditionnelles pouvaient être remises en question à la lumière d’une compréhension plus approfondie des Écritures.

L’étymologie du mot « enfer »

Regardons maintenant l’étymologie du mot « enfer ». Celui-ci remonte au latin classique. Mentionnons que ce n’est pas un mot hébreu, grec ou araméen comme c’est le cas dans la Bible.

D’ailleurs, le mot latin « infernum » était utilisé pour désigner le monde souterrain, soit le royaume des morts. Il dérive du mot « inferus », signifiant « inférieur » ou « situé en bas ». Ainsi, « infernum » était compris comme le lieu en dessous de la surface de la Terre où résidaient les âmes des défunts.

Au fil du temps, cette notion a été adoptée dans les langues romanes, donnant naissance au mot français « enfer ». Sa signification est similaire à un lieu de punition après la mort. Retenez bien le mot punition, parce qu’il est très important dans cette étude sur l’enfer.

Notez également que le concept de l’enfer est présent dans diverses traditions religieuses et mythologies, chacune ayant ses propres interprétations et significations.

D’où émane la croyance de l’enfer ?

Avant d’aller plus en profondeur dans cette étude, il est maintenant temps de savoir d’où provient la croyance de l’enfer et comment l’idée de l’enfer s’est développée au fil des décennies. Parce que dans tout l’Ancien Testament, il n’est absolument pas question d’un enfer ou à tout le moins d’un endroit où les âmes sont envoyées pour être torturées éternellement.

La pensée chez les Juifs

Comme je viens de dire, chez les Hébreux, la pensée de l’enfer comme un lieu de tourment est totalement absent de l’Ancien Testament. Ceux-ci se référaient aux écrits de Moïse et des prophètes et c’est le shéol ou séjours des morts qui étaient présentés par la Bible.

Dans l’Ancien Testament, c’est le mot hébreu « she’owl » est traduit dans nos bibles par « séjour des morts ». Ce mot apparaît 63 fois dans la Bible et il fait référence 51 fois au séjour des morts. Les autres traductions étant séjour des défunts, une fois, mort ou mourir, 6 fois, abime, 2 fois, tombe, 2 fois, sépulcre, 1 fois et ventre du poisson ,1 fois. Dans cette pensée juive originale, il n’était pas question d’un lieu de tourment éternel. Il s’agissait plutôt d’un endroit où allaient les âmes après la mort du corps. Cependant, la pensée juives s’est complètement transformé avec l’influence hélléniste. Ce qui a donné naissance à la tradition plutôt qu’au fondement des Écritures.

La pensée chez les Grecs

Dans la Grèce antique, les premières conceptions de l’au-delà présentaient un royaume souterrain appelé « Hades » qui se traduit par séjour des morts dans le Nouveau Testament. Pour les Grecs c’est un endroit où les esprits indifférents des défunts résidaient dans une existence crépusculaire ou ténébreuse sous le règne du dieu des morts. Les criminels, quant à eux, étaient soumis à un emprisonnement encore plus profond appelé « Tartare ».

À partir du IVe siècle (400-301) av. J.-C., pendant la période intertestamentaire, nous voyons qu’à la suite de la conquête de la Judée par le roi grec Alexandre le Grand, des éléments de la culture grecque ont commencé à exercer une influence sur la pensée religieuse juive. C’est là que les Juifs ont commencé à s’éloigner du fondement de la Parole de Dieu et à marier des éléments hébreux et grecs pour former la tradition juive. C’est aussi là qu’est née toute la fausse conception du séjour des morts que Jésus relate en Luc 16.19-31. Vous pouvez voir cet enseignement intitulé L’homme riche et le pauvre Lazare. C’est un enseignement en cinq courtes parties qui décrit très bien ce qu’était la tradition juive.

La pensée chez les chrétiens

Dans la pensée des chrétiens, ce que nous observons c’est que la croyance chrétienne en l’enfer s’est développée au fil des siècles. Celle-ci étant influencée par les concepts juifs et grec sur l’au-delà. C’était en quelque sorte un mélange d’hébreu et de grec. Déjà, nous avons une première indication que ce concept n’est peut-être pas tout à fait biblique. Surtout lorsque l’on mélange la philosophie du monde avec les principes fondamentaux de la Parole, de Dieu.

L’Ancien Testament a toujours décrit l’au-delà comme étant le séjour des morts ou Shéol. C’est-à-dire un endroit silencieux et sans vie où les âmes des défunts résidaient dans un état de sommeil. Ils se retrouvaient ainsi comme dans un état de latence. Dans la version de la Bible Louis-Second et du Semeur, que j’utilise, le mot enfer n’est pas présent dans l’Ancien Testament. Justement, parce que la définition du mot enfer ne cadre absolument pas avec la définition de l’expression séjour des morts ou du mot hébreux shéol.

Aujourd’hui, avec le Nouveau Testament, nous savons que les morts sont dans le séjour des morts. Qu’ils sont là dans l’attente de la première résurrection lorsque le Seigneur Jésus va revenir ! Où encore pour d’autres, dans l’attente de la seconde résurrection qui les conduira directement devant le grand trône blanc pour passer en jugement ?

Une certitude est que personne n’est en enfer comme certains le prétendent et que personne n’est au ciel dans la présence de Jésus comme d’autres l’affirment également. Tous les humains décédés sont dans le séjour des morts comme la Bible l’enseigne.

Dans l’Ancien Testament, nous voyons que le concept du séjour des morts accueille les personnes qui y descendent pour ne plus y remonter.

Tout comme une nuée qui se dissipe et passe, l’homme va dans la tombe pour n’en plus remonter.

Job 7.9

Plus tard, ce que nous découvrons c’est qu’au VIe siècle (600-501) avant J.-C., dans la tradition juive, le Shéol ou le séjour des morts a commencé à être perçu comme un lieu temporaire. C’est-à-dire un lieu où tous les défunts attendaient une éventuelle résurrection physique. Mais ce concept n’était pas accepté par tous les regroupements religieux juifs. C’est pour cela que nous pouvons discerner dans le livre des actes des apôtres qu’un certain groupe religieux juif ne croyait pas en la résurrection.

Les sadducéens, en effet, déclarent qu’il n’y a pas de résurrection, pas plus que d’anges ou d’esprits, et les pharisiens affirment le contraire.

Actes 23.8

Les pharisiens plus axés sur la tradition accueillaient les nouvelles idées avec beaucoup d’empressement et les incorporaient dans leurs mœurs pour que ça devienne rapidement une tradition. Les sadducéens, pour leur part, étaient plus conformes aux Écritures.J’aimerais ajouter ici que même l’Ancien Testament parle de résurrection des morts. Nous voyons cela dans:

Mais je sais, moi, que mon défenseur est vivant : en dernier lieu il surgira sur la poussière. 26 Après que cette peau aura été détruite, moi, dans mon corps, je contemplerai Dieu. 27 Oui, moi, je le verrai prendre alors mon parti, et, de mes propres yeux, je le contemplerai. Et il ne sera plus un étranger pour moi. Ah ! mon cœur se consume d’attente au fond de moi.

Job 19.25-27

Mais tes morts revivront, les cadavres de ceux qui m’appartiennent reviendront à la vie. Oui, vous qui demeurez dans la poussière, réveillez-vous, poussez des cris de joie, car ta rosée est une rosée de lumière, et la terre rendra les trépassés.

Ésaïe 26.19

Les nombreux humains qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et l’horreur éternelles.

Daniel 12.2

Cependant, la notion de résurrection des morts n’était pas aussi répandue dans l’Ancien Testament qu’elle ne l’étaient dans le Nouveau Testament.

Également, selon la croyance de l’époque, les justes, après cette résurrection, demeureraient en présence de Dieu, tandis que les méchants subiraient des tourments dans un lieu appelé « Géhenne », décrit comme un endroit maudit de feu et de fumée. On voit ici un changement de paradigme concernant les séjours des morts décrit dans l’Ancien Testament.

Encore une fois, la définition du mot enfer ne cadre pas avec la définition du mot hébreu shéol. Parce que l’enfer est un lieu de tourment éternel tandis que le shéol est un lieu sans interraction. Malheureusement, nous constatons que l’influence helléniste amena les Hébreux à verser dans la tradition et à délaisser le fondement même des Écritures.

La conception médiévale de l’enfer

L’idée de l’enfer comme lieu de tourment éternel pour les âmes damnées s’est beaucoup développée pendant la période médiévale. D’ailleurs, les conceptions de l’enfer ont pris beaucoup d’ampleur. Je dois vous dire que c’est à ce moment-là que ç’a dérapé et pas à peu près.

Nous remarquons qu’au début du christianisme, soit la période après les apôtres, les destinées de ceux résidant en enfer étaient décrites de diverses façons. Encore une fois éloignés du fondement de la Parole de Dieu. Certains théologiens soutenaient que, finalement, tous les individus malveillants, y compris Satan, renoueraient avec l’unité divine. D’autres enseignaient que l’enfer représentait un état intermédiaire, un lieu de punition où certaines âmes seraient purifiées tandis que d’autres seraient annihilées, c’est-à-dire détruites complètement.

La représentation prédominante de l’enfer, un lieu de tourment éternel s’impose finalement.

Avec le temps, la représentation prédominante de l’enfer, comme lieu de tourment éternel, s’est finalement imposée. L’enfer était conçu comme le lieu où les âmes des condamnés enduraient un châtiment tortueux et interminable. En d’autres mots, ils souffriraient dans ce lieu de tourments pour l’éternité. Même après la résurrection des morts à la fin du monde, les individus malveillants étaient destinés à retourner en enfer pour l’éternité. Selon les théologiens médiévaux, les gens qui mourraient allaient directement en enfer puis étaient extirpés de là pour passer en jugement et y retournaient. Vous remarquerez que c’est tout de même assez tordu comme concept et mentionnons que ça ne cadre absolument pas avec les Écritures.

Cette doctrine était largement enseignée dans l’ensemble du christianisme occidental au début du Ve siècle (401-500). Puis, elle a été officiellement réaffirmée par les papes et les conciles tout au long du Moyen Âge.  

Le concept de l’enfer que nous avons aujourd’hui ne provient pas de la Parole de Dieu, mais plutôt de l’évolution de l’imagination de certains et des traditions. Et encore aujourd’hui, ce concept de l’enfer est accepté, enseigné et reconnu comme étant la Parole de Dieu.

Pendant cette période, il fut ajouté, au concept de l’enfer, par les théologiens médiévaux, que la pire des peines était la séparation éternelle d’avec Dieu qu’on appelait « poena damni ». Encore aujourd’hui, cette doctrine est enseignée dans nos églises et cela sans en vérifier le fondement même des Écritures.

Les visions médiévales de l’au-delà

Les visions médiévales de l’au-delà détaillaient ces tourments avec : des fosses de flammes sombres et des cris déchirants venant des quatre coins de l’enfer. Il y avait une puanteur insupportable, des rivières d’eau bouillante grouillant de serpents et des cachots dans lesquels les gens étaient enfermés. Dans le même ordre d’idée, le poète italien Dante, au début du XIVe siècle (1301-1400), a offert une représentation détaillée de l’enfer dans la première section de sa « Divine Comédie ». Il a décrit les tourments des âmes damnées en fonction de leurs péchés. Ainsi les gloutons étaient immergés dans des marécages d’ordures glacées. Les meurtriers, pour leur part, luttaient dans une rivière de sang bouillant. Bien entendu, toutes ces images émergeaient de l’imagination de cette personne parce que la Bible n’a jamais parlé d’un tel endroit comme nous allons le découvrir dans cet enseignement.

Aujourd’hui, ces représentations semblent appartenir au passé du XXIe siècle. Cependant, le manuel officiel de l’Église catholique, le « Catéchisme de l’Église catholique », réitère la croyance catholique en la nature éternelle de l’enfer. Bien entendu, il évite les détails macabres présents dans les tentatives antérieures de décrire l’expérience infernale, mais, il réaffirme que la principale douleur de l’enfer réside dans la séparation éternelle d’avec Dieu.

Pour tout dire, notre doctrine ou notre compréhension de l’enfer nous vient majoritairement de la tradition de l’Église Catholique plutôt que de la Bible. Est-ce que vous trouvez-vous ça normal ? Pourquoi notre croyance ne vient-elle pas de la Parole de Dieu ?

La Stanford Encyclopedia of Philosophy (L’Encyclopédie de Phylosophie de Stanford) écrivait ceci :

« Selon une vision relativement répandue dans la culture chrétienne au sens large, le paradis et l’enfer sont essentiellement des compensations méritées pour le genre de vie terrestre que nous menons. Les bonnes personnes vont au paradis comme récompense méritée pour une vie vertueuse, et les mauvaises personnes vont en enfer comme juste punition pour une vie immorale ».[i]

Ainsi, l’enfer est un concept de punition et non pas une conséquence de nos choix. Si tu ne fais pas ce que Dieu te demande, tu vas avoir une punition. Tu vas aller en enfer pour être torturé pour toute l’éternité.

Comme j’ai mentionné précédemment, selon le principe de l’enfer, toutes les âmes ont la vie éternelle soit avec Jésus ou sans lui dans les tourments éternels. Parce que pour être tourmenté éternellement, il faut avoir une connaissance des choses, ce qui voudrait dire que nous sommes vivants. Ce qui n’est absolument pas biblique comme nous allons le voir dans cet enseignement.

Conclusion

En conclusion, l’étude de l’origine de la croyance en l’enfer révèle une évolution complexe influencée par diverses traditions religieuses, notamment juives, grecques et médiévales. Loin d’être un concept universellement accepté dans les Écritures, l’idée d’un enfer éternel de tourments pose des défis théologiques et moraux. Remettre en question les dogmes établis et examiner les Écritures avec un esprit critique peut conduire à une compréhension plus nuancée de la destinée après la mort. La recherche objective de la vérité biblique devrait primer sur les traditions et les interprétations humaines, invitant à une réflexion approfondie sur nos croyances et nos conceptions de la justice divine.

La suite avec la partie 3


[i] https://plato.stanford.edu/entries/heaven-hell/

Laisser un commentaire