Faut-il prier pour la paix de Jérusalem ?

Le Psaume 122.6, souvent utilisé pour justifier des positions politiques, appelait à prier pour la paix de Jérusalem dans un contexte de culte et de communion divine. Aujourd’hui, cette paix spirituelle s’incarne dans l’Église et le Christ, loin de toute idéologie géopolitique, mettant l’accent sur la réconciliation apportée par l’Évangile.

Revenir au vrai sens biblique du Psaume 122.6

« Priez pour la paix de Jérusalem » (Psaume 122.6) est devenu, dans certains milieux religieux et politiques, un slogan imposé. On en a fait un mot d’ordre géopolitique : soutenir l’État moderne d’Israël, défendre son armée, se ranger derrière ses intérêts, serait un devoir spirituel. Pour justifier cette lecture, on cite un psaume écrit il y a trois mille ans. Néanmoins, la question essentielle est celle-ci : dans quel contexte ce psaume fut-il écrit, et que signifiait-il réellement ?

Un psaume de pèlerins, pas un programme géopolitique

Le Psaume 122 appartient aux cantiques des degrés, ces chants que les Israélites récitaient en montant à Jérusalem pour les grandes fêtes. Ils venaient adorer. Ils venaient au Temple. Ils venaient là où Dieu avait établi Sa présence.

Pour eux, prier pour la paix de Jérusalem signifiait prier pour :

  • la sécurité des habitants durant les fêtes,
  • la tranquillité des murailles,
  • la prospérité spirituelle du peuple,
  • la continuité du culte dans le Temple.

Ce n’était pas un appel abstrait : la paix de Jérusalem assurait le bien-être du peuple qui y trouvait la présence de Dieu. Aujourd’hui, il n’existe plus de pèlerinage au temple de Salomon. Il n’y a plus de lieu géographique où Dieu habite dans une maison de pierres. À vrai dire, le contexte du psaume n’est plus le nôtre.

Le Nouveau Testament déplace Jérusalem vers Christ

Lorsque Jésus parle de Jérusalem, il annonce un basculement définitif. Il dit aux chefs religieux : « Votre maison sera abandonnée et restera déserte » (Matthieu 23.38, BDS). Parce qu’à partir de ce moment-là la présence de Dieu allait se retirer du temple à Jérusalem.

Il va aussi dire : « Il viendra un temps où tout ce que vous regardez sera détruit ; pas une pierre ne restera sur une autre. » (Luc 21.6) C’est ce qui s’est produit en l’an 70, lorsque les romains on entièrement détruit le temple. Ce la marquait de façon définitive que les sacrifices pour l’expiation du péché n’étaient plus ncessaire. L’agneau Jésus avait souffert une fois pour toute.

Le centre spirituel n’est plus une colline, mais une personne. C’est pourquoi Jésus dit à la Samaritaine : « l’heure vient où il ne sera plus question de cette montagne ni de Jérusalem pour adorer le Père […] il faut que ceux qui l’adorent l’adorent par l’Esprit et en vérité. » (Jean 4.21-24, BDS) Aujourd’hui, la foi chrétienne ne repose plus sur une ville, mais sur le Fils de Dieu.

La paix de Jérusalem s’accomplit dans l’Évangile

Lorsque l’Écriture parle de paix, elle parle d’abord de shalom : paix avec Dieu. Paul le dit clairement en parlant de Jésus qu’il : « est notre paix » (Éphésiens 2.14).

Il ajoute que Christ a détruit le mur de séparation et créé un seul peuple nouveau, réuni de Juifs et de non-Juifs qui vont placer leur foi en Jésus.(Éphésiens 2.14-16). La « paix de Jérusalem » devient alors une réalité spirituelle dans l’Église, corps de Christ.

La Jérusalem véritable n’est pas politique, mais céleste

L’épître aux Hébreux nous retire toute ambiguïté en parlant aux croyants : « vous, au contraire, vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste » (Hébreux 12.22, BDS). Paul affirme également que « la Jérusalem d’en haut est libre » (Galates 4.26, BDS). De plus, Jean voit « la nouvelle Jérusalem descendre du ciel » (Apocalypse 21.2, BDS).

Autrement dit : la Jérusalem définitive n’est pas un gouvernement terrestre, mais l’aboutissement glorieux du peuple racheté formé des croyants de toutes les nations de la terre et cela n’a rien à voir avec la géopolitique. Pourquoi donc ramener les chrétiens à une cité en guerre, quand la Bible les dirige vers la cité éternelle ?

Prier pour la paix de Jérusalem aujourd’hui ? Laquelle ?

Faut-il prier pour que :

  • un gouvernement reste au pouvoir ?
  • une armée triomphe ?
  • une frontière soit stabilisée ?
  • un conflit soit gelé ?

Le Psaume 122 ne parle jamais de cela. Il ne demande pas au peuple de choisir un camp géopolitique. Il demande la paix pour un peuple qui adorait Dieu dans Son temple. Aujourd’hui, ce peuple est l’Église de Jésus-Christ. Ce temple est le corps des croyants. Cette paix est la réconciliation par la croix.

L’erreur : transformer un psaume liturgique en mandat politique

Ce que certains ont fait, c’est ceci. Ils ont pris un chant ancien et ils l’ont sorti de son contexte. Ils l’ont mis au service d’une idéologie, puis ils l’ont imposé comme obligation spirituelle. Ce n’est plus une lecture biblique. C’est de la propagande sacrée.

Ce que nous devons vraiment prier

Le Nouveau Testament ne commande jamais aux chrétiens de prier pour :

  • la paix de Jérusalem terrestre,
  • la protection d’un État,
  • l’agenda d’une armée.

En revanche, il commande :

« Priez pour tous les hommes, pour les autorités » (1 Timothée 2.1-2).

« Priez pour ceux qui vous persécutent » (Matthieu 5.44).

« Priez pour l’Église » (Éphésiens 6.18).

« Priez pour que l’Évangile progresse » (Colossiens 4.3).

Aucune de ces injonctions n’est centrée sur une position géopolitique.

Conclusion : revenir à l’Évangile, pas aux slogans

Prier pour la paix de Jérusalem, au sens du Psaume 122, signifiait prier pour le peuple qui adorait Dieu dans son temple.

Aujourd’hui :

  • Christ est notre temple,
  • l’Église est Sa maison,
  • la paix est spirituelle,
  • la Jérusalem véritable est céleste.

Nous ne sommes pas appelés à gonfler les slogans politiques du moment, mais à proclamer la paix par le sang de la croix (Colossiens 1.20). La paix que Dieu bénit n’est pas celle d’un drapeau terrestre : c’est celle du Royaume éternel.

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