L’un des fondements majeurs de la doctrine de l’enlèvement secret et de la tribulation future repose sur une interprétation particulière de Daniel 9.27, selon laquelle il resterait une « semaine » de sept ans à accomplir dans le futur, après une longue interruption prophétique. Cette idée est devenue centrale dans le schéma dispensationaliste. Pourtant, cette lecture ne tient pas face à l’examen honnête du texte biblique.
Revenons ensemble à l’Écriture, et voyons pourquoi la fameuse « 70e semaine de Daniel » n’est pas une période future de 7 ans réservée à Israël, mais une prophétie déjà accomplie dans l’œuvre rédemptrice de Jésus-Christ.
D’abord, le contexte de Daniel 9 : une prière pour Jérusalem et le peuple de Dieu
Daniel 9 est d’abord une prière d’intercession. Le prophète, en captivité à Babylone, cherche Dieu pour le pardon de son peuple et la restauration de Jérusalem. La réponse divine vient sous la forme d’une révélation : soixante-dix semaines ont été déterminées pour :
« faire cesser les transgressions, mettre fin au péché, faire expiation pour la faute, faire venir la justice éternelle, sceller la vision et la prophétie, et consacrer le lieu très saint. » (Daniel 9.24)
Ces six objectifs ne pointent pas vers un jugement futur, mais vers l’accomplissement du salut en Jésus-Christ.
Ensuite, les soixante-dix semaines sont consécutives et sans interruption
La lecture naturelle du texte indique que les 70 semaines (70 x 7 = 490 ans) s’enchaînent sans rupture. Il n’y a aucune indication dans le texte que la 70e semaine serait séparée des 69 premières par une parenthèse de plusieurs milliers d’années.
« Depuis l’ordre de rebâtir Jérusalem jusqu’à un chef, un oint, il y aura 7 semaines, puis 62 semaines… » (v. 25)
« Après les 62 semaines, un oint sera retranché… » (v. 26)
« Il fera une alliance solide avec un grand nombre pendant une semaine… » (v. 27)
Le langage est clair, progressif et fluide. C’est une erreur d’interrompre, une mauvaise interprétation ou une mauvaise intention arbitrairement cette séquence pour placer la dernière semaine dans un avenir lointain. Rien dans le contexte de ce verset, je dis bien rien… ne fait allusion à un quelqu’on que scénario de la sorte.
Puis, l’oint retranché c’est Jésus-Christ, non l’antéchrist
Le verset 26 dit :
« Un oint sera retranché, et il n’aura pas de successeur. »
Cette déclaration s’accomplit parfaitement en la personne de Jésus-Christ crucifié, rejeté par son peuple et sans descendance humaine. C’est le Messie souffrant, comme annoncé en Ésaïe 53. L’idée que ce verset parle d’un antéchrist est une falsification du sens évident du texte.
En quelque sorte, la 70e semaine s’est accomplie dans le ministère de Jésus
« Il fera une alliance solide avec un grand nombre pendant une semaine ; au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’offrande. » (Daniel 9.27)
Ce verset ne parle pas d’un traité politique d’un futur antéchrist. Il parle du Christ, qui a confirmé la Nouvelle Alliance avec son peuple par son ministère, sa mort et sa résurrection. Au milieu de la semaine (soit environ 3 ans et demi après le début de son ministère), Jésus a mis fin à l’ancienne alliance par son sacrifice parfait. Ce qui a eu pour effet d’annuler la validité de l’ancienne alliance et les sacrifices d’animaux. Parce que Jésus, l’agneau parfait, est mort une fois pour toute pour la rémission des péchés.
« Il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire… ayant obtenu une rédemption éternelle. » (Hébreux 9.12)
« Il a annulé le premier sacrifice pour établir le second. » (Hébreux 10.9)
Il est donc clair que le sacrifice et l’offrande ont cessé dans leur valeur spirituelle à la croix, comme l’accomplissement de la Loi et des prophètes. Puis, ils on complètement pris fin avec la destruction du temple, par les Romains, et la dispersion des Juifs dans le monde en 70 de notre ère.
Finalement, une lecture christocentrique et pas futuriste
La prophétie de Daniel 9 est centrée sur Christ, pas sur l’antéchrist. De dire que l’oint est l’Antéchrist est une façon mensongère d’utiliser ce passage pour monter une fausse prophétie que les Écritures ne font aucunement allusion.
- C’est Jésus qui est l’Oint annoncé.
- C’est Jésus qui a été retranché pour nos fautes.
- C’est Jésus qui a fait l’alliance éternelle avec un grand nombre.
- C’est Jésus qui a fait cesser les sacrifices par l’offrande de sa vie.
- C’est Jésus qui a fait venir la justice éternelle (Daniel 9.24).
Il est donc théologiquement dangereux et exégètiquement faux de transformer cette prophétie christologique en un scénario eschatologique futur, basé sur la peur et le sensationnalisme.
Conclusion : une mise en garde contre les manipulations prophétiques
La théorie des « 7 ans de tribulation à venir » est une construction artificielle, née au 19e siècle avec le dispensationalisme de Darby, popularisée par Schofield avec les commentaires dans sa version de la Bible du mêmne nom et des romans et des films, mais sans aucun fondement dans l’Écriture.
Cette théorie faussée détourne les regards de Christ pour les fixer sur un soi-disant futur antéchrist. Elle prépare les croyants à fuir plutôt qu’à tenir bon. Elle divise le peuple de Dieu en « Église » et « Israël », alors que la croix a fait de nous un seul peuple, né de l’Esprit.
« Car tous, juifs ou non juifs, nous avons été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps. » (1 Corinthiens 12.13)
Frère, sœur, n’adhère pas à cette fausse doctrine. Elle fragilise ta foi et obscurcit l’œuvre accomplie de Jésus.
« Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. » (Apocalypse 3.11)
Jésus a déjà confirmé l’Alliance. Il a déjà mis fin aux sacrifices. Il règne. Il revient. Et ce retour sera glorieux, au dernier jour.
