Ménorah et Hanoukkia : deux chandeliers, deux origines, deux significations

Dans un contexte d’intégration des symboles juifs dans certaines traditions chrétiennes, il est crucial de distinguer la ménorah, instituée par Dieu, de la hanoukkia, d’origine historique. La confusion entre ces deux chandeliers peut mener à un affaiblissement de la foi chrétienne, déplaçant l’accent de Christ vers des pratiques non prescrites.

Dans un contexte où de plus en plus de symboles juifs sont introduits ou valorisés dans certains milieux chrétiens, il devient nécessaire d’exercer un discernement biblique sérieux. Parmi les confusions les plus fréquentes figure celle entre la ménorah (chandelier à 7 branches) et la hanoukkia (chandelier à 9 branches), deux chandeliers souvent présentés comme équivalents, voire interchangeables. Pourtant, leurs origines, leurs fonctions et leurs significations sont profondément différentes. Comprendre cette distinction n’est pas un détail secondaire. Elle touche directement à notre compréhension de la révélation biblique et de la nouvelle alliance.

La ménorah : un objet institué par Dieu pour le Temple

La ménorah à sept branches est un chandelier explicitement institué par Dieu lui-même. Elle est décrite avec précision dans la Torah, notamment en Exode 25.31-40. Dieu en donne les dimensions, la forme, les matériaux et l’usage. La ménorah se trouvait dans le Lieu saint du Tabernacle, puis dans le Temple de Jérusalem. Elle n’était pas un simple symbole décoratif, mais un élément central du culte établi par Dieu.

Dans la révélation biblique, le nombre sept est associé à la plénitude, à l’achèvement et à la perfection divine. La ménorah représentait la lumière parfaite et complète de Dieu éclairant son sanctuaire, la présence divine au milieu de son peuple. Elle pointait déjà, de manière prophétique, vers une réalité plus grande que le Temple terrestre.

Dans le Nouveau Testament, cette lumière trouve son accomplissement ultime en Jésus-Christ. Il déclare sans ambiguïté : « Je suis la lumière du » (Jean 8.12). La ménorah, comme beaucoup d’éléments du culte ancien, appartenait à l’ombre des choses à venir, dont la réalité se trouve désormais en Christ.

La hanoukkia : un chandelier issu d’une tradition historique

La hanoukkia, quant à elle, est un chandelier à neuf branches, utilisé exclusivement lors de la fête juive de Hanoukkah. Elle comporte huit branches correspondant aux huit jours de la fête, ainsi qu’une neuvième bougie, appelée le shamash, qui sert à allumer les autres.

Contrairement à la ménorah, la hanoukkia n’est pas instituée dans la Torah. Elle est liée à un événement historique survenu au IIᵉ siècle avant Jésus-Christ, à l’époque des Maccabées, lorsque le Temple fut repris, par Judas Maccabée et reconsacré après avoir été profané. La tradition juive rapporte alors le récit de l’huile qui aurait brûlé huit jours au lieu d’un seul.

D’ailleurs, la tradition juive, transmise oralement puis consignée dans divers écrits, est souvent enrichie de récits explicatifs, symboliques ou narratifs destinés à illustrer un événement ou à en souligner la portée spirituelle. Ces récits, parfois présentés comme des faits, relèvent cependant davantage de l’interprétation ou de l’imagination pédagogique que du témoignage scripturaire strict. C’est pourquoi il est essentiel de distinguer ce que l’Écriture affirme clairement de ce que la tradition ajoute, afin de ne pas confondre mémoire religieuse et révélation divine.

Il est essentiel de souligner que cette fête et les pratiques qui l’accompagnent relèvent de la tradition juive postbiblique. Elles ont une valeur mémorielle et identitaire pour le judaïsme, mais elles ne constituent ni un commandement divin donné à Moïse, ni une prescription pour l’Église.

Une confusion entretenue… parfois volontairement

Dans certains discours contemporains, la hanoukkia est présentée comme une « ménorah biblique », ou comme un symbole qu’il serait spirituellement bénéfique pour les chrétiens de s’approprier. Cette confusion n’est pas anodine. Elle efface la distinction entre ce que Dieu a institué dans l’ancienne alliance et ce qui relève d’une tradition historique ultérieure.

Pire encore, elle peut conduire à réintroduire dans la vie chrétienne des pratiques ou des symboles comme s’ils étaient nécessaires pour approfondir la foi, retrouver la « vraie lumière » ou se reconnecter aux racines bibliques. Or, le Nouveau Testament ne va jamais dans ce sens.

Discernement biblique pour les croyants

L’apôtre Paul met clairement en garde les croyants contre ce type de glissement spirituel. Il écrit : « C’est pourquoi, ne vous laissez juger par personne à propos de ce que vous mangez ou de ce que vous buvez ou au sujet de l’observance des jours de fête, des nouvelles lunes ou des sabbats. Tout cela n’était que l’ombre des choses à venir : la réalité est en Christ. » (Colossiens 2.16-17).

Le danger n’est pas d’étudier l’histoire juive ou de comprendre ses traditions. Le danger réside dans le fait de spiritualiser ce que Dieu n’a pas prescrit, ou de donner à des symboles une place que seul Christ doit occuper. Lorsque des croyants commencent à allumer des chandeliers, observer des fêtes ou adopter des rites en pensant se rapprocher davantage de Dieu, ils risquent, souvent sans s’en rendre compte, de déplacer le centre de leur foi.

La lumière n’est pas dans un chandelier, qu’il ait sept ou neuf branches. La lumière n’est pas dans une fête, ni dans une tradition, aussi ancienne soit-elle. La lumière est une personne : Jésus-Christ. Tout ce qui détourne l’attention de cette vérité, même subtilement, doit être examiné à la lumière des Écritures.

Conclusion : rester centrés sur Christ, la lumière véritable

La ménorah et la hanoukkia ne sont pas équivalentes. L’une est un objet institué par Dieu dans le cadre de l’ancienne alliance, l’autre est un symbole issu d’une tradition historique juive. Les confondre ou les fusionner spirituellement crée une confusion théologique préjudiciable à la foi chrétienne.

Pour l’Église, l’appel demeure clair : ne pas retourner aux ombres, ne pas sacraliser des symboles non prescrits, mais demeurer fermement attachée à Christ seul. En lui, la lumière ne vacille pas, ne s’éteint pas, et n’a besoin d’aucun support rituel pour briller. Marcher dans cette lumière exige du discernement, de la fidélité et une confiance entière dans la suffisance de l’Évangile.

Alerte discernement – Quand les symboles prennent la place de Christ

Le danger spirituel ne commence pas toujours par le rejet de Jésus, mais souvent par son déplacement progressif. Lorsque des symboles, des fêtes ou des pratiques non prescrites prennent une valeur spirituelle, même sous couvert de « racines bibliques », l’Évangile est subtilement affaibli.

La Parole de Dieu ne demande jamais à l’Église de rallumer des chandeliers, d’observer des fêtes historiques ou de retrouver une lumière issue de l’ancienne alliance. Elle nous appelle à demeurer en Christ, car en lui la lumière est déjà pleinement révélée. Revenir à des symboles, aussi beaux ou chargés d’histoire soient-ils, revient à regarder l’ombre alors que la réalité est présente.

L’apôtre Paul est clair : ce qui relevait des rites, des fêtes et des observances appartenait à un temps de préparation. S’y attacher aujourd’hui comme à une source spirituelle est une régression, non un progrès. La foi chrétienne ne s’enrichit pas par l’ajout de pratiques non bibliques, elle s’enracine par la fidélité à la Parole.

Que le croyant soit donc vigilant. Toute démarche spirituelle qui promet plus de profondeur, plus de lumière ou plus d’authenticité en dehors de Christ doit être examinée avec sérieux. La véritable lumière ne s’allume pas avec une bougie. Elle habite déjà le cœur de ceux qui appartiennent à Jésus.

Veillez à ce que personne ne vous prenne au piège de la recherche d’une « sagesse » qui n’est que tromperie et illusion, qui se fonde sur des traditions tout humaines, sur les principes élémentaires qui régissent la vie des gens de ce monde, mais non sur Christ. 

(Colossiens 2.8)