Le mot millénium signifie littéralement « mille ans ». Cette expression n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible, dans Apocalypse 20, un passage souvent mal compris et source de divisions eschatologiques. Pour certains, ce texte annoncerait un règne terrestre littéral de Christ pendant mille ans après son retour. Mais une telle lecture repose sur une interprétation littérale inappropriée d’un livre qui est, par nature, prophétique et symbolique.
L’Apocalypse : une révélation par symboles
Le livre de l’Apocalypse s’ouvre ainsi :
« Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs les événements qui doivent arriver bientôt. Il l’a fait connaître en envoyant son ange à son serviteur Jean » (Apocalypse 1.1).
Le terme grec apokalypsis signifie dévoilement, révélation. Il ne s’agit pas d’un récit historique ou chronologique, mais d’une vision céleste transmise par des images symboliques. Jean utilise un langage figuré, dans la lignée des prophètes de l’Ancien Testament tels qu’Ézéchiel, Daniel ou Zacharie.
Par exemple :
- L’Agneau aux sept cornes et sept yeux (Apocalypse 5.6) symbolise Jésus, immolé mais victorieux, rempli de l’Esprit (cf. Ésaïe 11.2).
- Les sept chandeliers représentent les Églises, et les sept étoiles les anges de ces Églises (Apocalypse 1.20).
- La femme couronnée de douze étoiles (Apocalypse 12.1) renvoie au peuple de Dieu, rappelant les douze tribus d’Israël (Genèse 37.9).
- La bête à sept têtes et dix cornes (Apocalypse 13.1) évoque un pouvoir politique persécuteur inspiré par Satan (cf. Daniel 7.7).
Toutes ces images doivent être interprétées à la lumière des Écritures, et non littéralement. Le chiffre « mille » ne fait pas exception.
Le chiffre mille : une expression symbolique de plénitude
Dans la Bible, le chiffre mille évoque une quantité complète, un temps fixé par Dieu, et non une durée exacte mesurable.
- « Car mille ans sont, à tes yeux, comme le jour d’hier quand il est passé » (Psaume 90.4).
- « Pour le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour » (2 Pierre 3.8).
- « Tous les animaux des forêts m’appartiennent, même les bêtes par milliers sur les montagnes » (Psaume 50.10).
Il est donc raisonnable d’interpréter les « mille ans » d’Apocalypse 20 comme une période longue et complète, symbolisant le temps déterminé par Dieu pour l’avancement de son plan, et non comme un millénaire terrestre à venir.
Le règne de Christ : une réalité spirituelle présente
Apocalypse 20.1-6 décrit une période durant laquelle Satan est lié, les croyants règnent avec Christ, et ceux qui ont part à la première résurrection sont appelés heureux et saints. Il ne s’agit pas ici d’un règne terrestre visible après le retour de Christ, mais d’une réalité spirituelle vécue dès maintenant.
En effet, depuis la résurrection de Jésus, l’Évangile progresse dans le monde, malgré l’opposition. Satan est limité dans sa capacité à garder les nations dans les ténèbres, car Jésus a vaincu l’ennemi :
- « Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le dominateur de ce monde va être jeté dehors » (Jean 12.31).
- « Jésus chassait les démons par l’Esprit de Dieu », signe que le Royaume était déjà venu (Matthieu 12.28-29).
Ce lien de Satan, tel que décrit dans Apocalypse 20, symbolise le fait qu’il ne peut empêcher la propagation du message du salut parmi les nations. Le royaume de Dieu est en marche : « De son temps, des nations entières se tournent vers Dieu » (cf. Actes 26.17-18).
Les croyants n’attendent pas un règne terrestre futur, ils vivent déjà ce règne ici et maintenant, en obéissant à Christ, en marchant par l’Esprit, et en proclamant la vérité :
- « S’ils reçoivent l’abondance de la grâce et le don de la justice, ils régneront dans la vie par Jésus-Christ seul » (Romains 5.17).
- « Si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui » (2 Timothée 2.12).
- « Tu as fait d’eux un royaume et des prêtres pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre » (Apocalypse 5.10).
Il s’agit donc bien d’un règne spirituel exercé sur la terre, dans l’humilité, le témoignage, la prière, et le combat de la foi. Ce règne n’a rien de politique ou charnel : il est celui du Royaume de Dieu, manifesté par des vies transformées.
Les morts en Christ : dans l’attente de la résurrection
Certains croient que les morts en Christ sont déjà dans le ciel avec Jésus. Mais les Écritures nous enseignent autre chose. Jésus a dit :
« Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme » (Jean 3.13).
Les morts, y compris les justes, sont dans le séjour des morts, dans un lieu de repos, dans l’attente de la résurrection promise :
- « David n’est pas monté au ciel » (Actes 2.34), bien qu’il fût un homme selon le cœur de Dieu.
- Job disait : « Oh ! si tu voulais me cacher dans le séjour des morts, m’y tenir à couvert jusqu’à ce que ta colère soit passée ! » (Job 14.13).
- Le prophète Daniel reçoit cette promesse : « Tu te reposeras, et tu te lèveras pour recevoir ton héritage à la fin des jours » (Daniel 12.13).
La première résurrection ne désigne donc pas une montée immédiate au ciel, mais la promesse de la résurrection corporelle des croyants au retour de Jésus (1 Thessaloniciens 4.16-17 ; 1 Corinthiens 15.52).
L’espérance chrétienne : une nouvelle création, pas un royaume terrestre
L’idée d’un règne terrestre de mille ans après le retour de Jésus détourne l’espérance chrétienne de son objectif biblique : la nouvelle création.
La Bible nous invite à attendre non pas un âge d’or millénaire sur la terre actuelle, mais un ciel nouveau et une terre nouvelle :
« Mais nous attendons, selon sa promesse, un nouveau ciel et une nouvelle terre où la justice habitera » (2 Pierre 3.13).
« Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre avaient disparu […] Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem […] Il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n’y aura plus de mort, plus de deuil, ni plainte, ni souffrance » (Apocalypse 21.1-4).
Nulle part les Écritures n’enseignent que Christ revient pour instaurer un royaume politique limité dans le temps. Son retour marquera la résurrection des morts, le jugement, et l’entrée dans l’éternité (Jean 5.28-29 ; Matthieu 25.31-46 ; 1 Corinthiens 15.22-26).
Conclusion : Le millénium, un appel à vivre fidèlement sous le règne de Christ
Le millénium ne décrit pas un futur royaume terrestre, mais une réalité spirituelle présente : Christ règne déjà, et nous régnons avec lui, en tant que peuple racheté, appelés à vivre dans la sainteté, le témoignage et la fidélité. C’est aujourd’hui, dans l’ère de l’Évangile, que le Royaume de Dieu avance et que Satan est limité.
Ne nous laissons pas distraire par des systèmes millénaristes complexes. Gardons nos yeux fixés sur Jésus, le Roi déjà couronné, et sur la gloire à venir — non un âge d’or terrestre, mais une éternité dans la présence de Dieu.
« Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection : la seconde mort n’a pas de pouvoir sur eux. Ils seront prêtres de Dieu et du Christ et régneront avec lui pendant les mille ans » (Apocalypse 20.6).
Restons fidèles, vivons pleinement notre appel, et attendons avec espérance le jour glorieux où Christ apparaîtra pour établir une création renouvelée, dans laquelle la justice habitera à jamais.
